LA PUB VOUS REND CONS

samedi 22 août 2015

Interview Reuno (Lofofora/Mudweiser/Le Bal des Enragés)




J'ai retrouvé dans mes archives cette interview du chanteur Reuno (pas celui de "Mistral Gagnant, celui de  "Legalize") alors qu'il était de passage par chez moi avec Mudweiser. Même que c'était Bender qui faisait la première partie. Un bon souvenir ! Et une interview intéressante sur son rapport aux paroles.

1. Je sais que tu chantes en anglais dans Mudweiser, mais dans Lofofora, est-ce que tu chantes en français par choix ou par obligation ?
– Ecoutes, quand je suis rentré dans Lofo, je me suis pas posé la question, et je me suis mis à chanter en français. De la même manière quand je suis rentré dans Mudweiser je me suis pas posé la question et j'ai chanté en anglais. Maintenant c'est peut être la musique qui s'y prête, c'est les propos qui s'y prêtent aussi. Pour moi c'est venu naturellement dans l'un et dans l'autre projet. Si on veut que je sois... par exemple y a des groupes qui chantent en anglais et qui m'ont invité en tant que chanteur de Lofo, je leur ai dit « ouais mais moi je chante en français ».


2. Pourquoi ?
- Parce que Reuno de Lofo, il chante en français ! Et le Reuno de Mudweiser il chante en anglais.


3. Est-ce que tu peux me citer tes références en chant en français ?
- En chant pas beaucoup, en paroles oui. En chant, y a pas de vraiment de gens... peut être Arthur H, j'aime bien comme il pose sa voix. A part Arthur H, en voix il n'y a pas vraiment de gens qui m'inspirent en français. Maintenant au niveau écriture... quand j'étais petit, mon père écoutait beaucoup Jacques Brel, le jour où Jaqcues Brel est mort, j'étais en voiture avec mes parents et on s'est pas parlé de la journée, c'est comme si il y avait un oncle très proche qui était mort dans la famille, on était super tristes, et j'aimais son côté acteur chantant. Parce que même dans Lofo, je me considère pas vraiment comme un chanteur. C'est comme un raconteur d'histoire... j'interprète mes textes plus que je les chante j'ai l'impression. Donc c'est Brel en français et.. bah évidemment Gainsbourg c'est pas très original mais en plus c'est un mec que j'ai eu l'occasion de rencontrer une heure dans ma vie et que j'oublierai jamais, et puis sinon Alain Bashung, qui était le plus grand rocker qu'on ait eu en France, et aujourd'hui il y a Arno, je suis super fan de Arno en chanson francophone je trouve que c'est vraiment ce qui se fait de mieux. Moi quand je serai grand je veux faire Arno !


4. Est-ce que quand tu écris pour Lofofora tu fais attention à la sonorité des mots ou alors tu écris comme ça et la musique viens après ? Ou la musique viens d'abord et tu écris par dessus ?


- Ouais c'est toujours comme ça. Mes copains font de la musique, je suis là quand ils composent, et je mets mon grain, comme si je jouais, dans leurs compos à dire « tiens fais comme ça », enfin je dis jamais « fais comme ça » je dis « tiens qu'est ce que t'en penses de... » enfin tu vois on s'aime, dans Lofo on se respecte à mort. Donc je participe à la compo musicale, et j'ai l'impression que musicalement il y a comme une narration si tu veux; Il y a un truc qui se déroule d'une manière qui peut être logique pour mon esprit, à partir de ce moment là moi je vais écrire un texte par dessus. Et ça s'est toujours passé comme ça dans Lofo, les textes c'est ce qui arrive en dernier, et les titres en dernier.


5. Pour le groupe est-ce que c'est important ? Est-ce que vous les mettez dans les CD ?
- Ah ouais ouais tous les textes de Lofo son sur les livrets.


6. Et pourquoi ?
-Ben par rapport à la diction, parce que dans la langue française dans le rock, les gens ont peur de transformer le son des mots, alors que c'est un truc qui se fait hyper couramment en anglais. Si tu fais bien attention, un même son peut se prononcer d'une manière différente, selon la rime qui nous arrange dans les textes des rockers anglophones. Et à part Gainsbourg, il y a très peu de gens qui ont osé prononcer les mots d'une manière différente... si, Arno le fait un peu.


7. C'est marrant parce que tu cites pas de punks.
- En punk ouais je vais citer des références vraiment en textes. Le meilleur en punk, en textes en français pour moi c'est Spi de OTH, qui a écrit les meilleurs textes. Enfin, le rock'n roll, si ça doit ressembler à quelque chose en français, ça ressemble à OTH quoi. Et Parabellum.


8. Et toi quand tu écris est-ce que tu as des mots ou des thèmes qui reviennent comme ça régulièrement sans t'en rendre compte ?
- Bah sans m'en rendre compte je pourrais pas te répondre donc je vais te répondre sur des trucs dont je me suis rendu compte. Je me suis rendu compte que si tu veux, j'ai un sombre désespoir de... à quel point la civilisation occidentale a ses valeurs dictées par la judéochrétienté. Un gros problème en occident au niveau de la psychologie c'est que les gens ont un sentiment de culpabilité, et ce sentiment de culpabilité est vraiment lié à la judéochrétienté à mon avis, par exemple. Et du coup je me suis rendu compte que dans les textes de Lofo j'avais pas mal de références entre guillemets « bibliques ». J'ai fait un morceau qui s'appelle « Psaume 4.40 », parce que je trouve que vraiment la culpabilité que la judéochrétienté est prête à faire accepter à la population... en fait elle est aujourd'hui mise à profit du grand capital, mais bon ça c'est un grand débat... et voilà la notion de bien, de mal, comme si c'était quelque chose de vraiment différent, alors que pas du tout. Le fait que je trouve ça déplorable, que même des gens qui se définissent comme athées finalement sont conditionnés par la judéo-chrétienté, c'est un truc que j'ai remarqué qui était récurrent dans les textes de Lofo, malgré moi quasiment.


9. Est-ce que le fait de chanter en français vous a porté préjudice ou au contraire vous a ouvert des portes ?
- ça nous a permis de tourner beaucoup en France et dans les pays francophones, mais par rapport à des amis comme les Burning Heads par exemple, qui ont la même durée d'existence que Lofo même un petit plus je crois qu'ils sont un petit peu plus vieux que nous, pas en âge mais en carrière, les Burning Heads qui chantent en anglais eux par contre ont fait beaucoup plus de concerts en Europe.


10. Donc tu dirais que pour Lofofora ça vous a porté préjudice ?
- Bah il y a le pour et le contre. Le contre c'est qu'on a peut être moins tourné dans des pays européens et dans des pays anglo-saxons, le pour c'est que je pense que si Lofo ça avait chanté en anglais, ça aurait intéressé beaucoup moins de monde en France. Et je suis content de... moi ma démarche dans Lofo elle est cash, elle est directe. Comme pour notre deuxième tournée pour l'album « Peuh ! » notre tournée s'appelait « Direct Cash », et Lofo on est toujours restés comme ça quoi.


11. Mais sans parler de la France, est que ça vous a ouvert ou fermé des portes ?
- Sans parler de la France, je pense que ça nous en a fermé. Mais c'est pas grave, je m'en branle, j'avais envie avec ce groupe là que mon propos soit saisissable par le premier pékin qui va venir. Tu vois quand on joue, des fois on a eu la chance d'être programmés sur des trucs qui sont quasiment des fêtes de village, où tu vas avoir des papas, des mamans, des grands-parents, et qui pourraient se mettre les doigts dans les oreilles en entendant notre musique, et qui finalement par les propos et même par l'état d'esprit qu'on essaye de développer, sont touchés, et ils restent. Et après tu as même des gens qui viennent me voir aujourd'hui avec Lofo, qui ont 50 balais et qui me disent « C'est notre fils qui écoutait Lofo, maintenant il écoute plus trop mais nous on vient. Parce que les textes nous font venir. », alors que la musique c'est pas vraiment ce qu'ils aiment, mais dans la démarche, dans le propos, qui du coup influence entre guillemets l'attitude, les gens y voient un truc naturel.


12. Mais vous avez quand même réussi à jouer à l'étranger n'est-ce pas ?
-Très peu. Hors des pays francophones on a fait que des trucs vraiment anecdotiques. Genre en Allemagne, on a fait une date à New York c'était cool.


13. Est-ce que les gens, quand vous jouez à l'étranger, ils sont réceptifs, curieux ?
- Alors je vais te citer une anecdote. Tu vois quand on joue France souvent les gens nous parlaient de Pantera, de choses comme ça, des groupes qui, même si je les respecte, n'ont vraiment jamais fait partie de nos influences. J'ai pas un disque de Pantera chez moi. J'ai la discographie complète de David Bowie mais j'ai pas un album de Pantera, j'ai pas un Machine head, c'est pas une musique qui me parle quoi. Et quand on a joué à New York, on a joué devant 70 personnes dans un bar sur Manhattan, il y a des gens qui sont venus nous voir en nous parlant des Bad Brains après. Et pour nous les Bad Brains c'est une vraie influence.


14. Mais au niveau des paroles ?
Bah du coup voilà il comprenaient rien aux paroles, mais ils ont saisi que le propos, il était plus proche des Bad Brains que de Pantera, et ça m'a super flatté que même sans comprendre les paroles, les gens avaient des références plus proches de ce qui nous influençait que ce qu'on pouvait avoir en France comme comparaison.


15. Il y a beaucoup de groupes dans le style de musique que tu fais qui chantent en anglais ? Qu'est ce que tu en penses toi qui chante en anglais dans un groupe et en français dans un autre ?
- J'en ai rien a branlé, faut juste faire comme tu le sens. Le rock c'est quoi ? Parce que c'est que du rock, que tu fasses du métal, du stoner, du cross over, c'est que du rock.


16. Et les groupes qui chantent en mauvais anglais ?
- C'est dommage, il faut faire un petit effort. Faut regarder des films en version originale ! Mais je vais te dire un truc, avec Mudweiser on chante que en anglais, bientôt on va jouer à Toulouse, ça s'appelle « Toulouse is burning », initiative du collectif « Antistatique » où ils te demandent de faire des reprises surper kitsch, de groupes ou de chanteurs commençant par la même lettre que ton groupe. Donc on va jouer avec Mudweiser et on va faire un morceau de Madonna et un morceau de Kylie Minogue. Mais le mec qui organise ça, c'est Didou, c'est le chanteur de Sidilarsen et il m'envoie un mail il me dit « il y a des mecs qui ont été loin à reprendre du Image, du Patrick Sebastien, mais genre un peu métal soirée foutage de gueule, bonne déconnade » et moi je lui ai dit « ouais mais Mudweiser ça ne chante que en anglais ». Mais voilà quoi mais les groupes.... je te dis, le rock c'est quoi ? On est dans une société, alors je vais faire mon chanteur engagé à deux francs cinquante, à l'époque de l'euro, mais on est dans une société où la marge de liberté se réduit comme peau de chagrin comme disent nos grands-parents, et du coup il faut en profiter. Tu vois avec Lofo on a des textes, entre guillemets, « conscients », en français. Mais tu vois j'ai des amis que j'adore, et j'adore leur propos, c'est Punish Yourself, qui chantent en anglais, la plupart du temps VX se rappelle pas des paroles, mais Punish Yourself ça donne envie de quoi ? Ça donne envie de se droguer, de baiser et puis point. Mais ça te pousse vers la putain de marge de liberté qui te reste, et le rock'n roll ça juste été crée pour ça, et ça doit rester ça, que ça chante en anglais ou en français, ça doit te pousser vers ça.


17. Pourquoi tu pense que le français, dans le rap et le reggae ça a marché et pourquoi ça l'a pas fait dans le punk hardcore ?
- Il y en a beaucoup qui chantent en français quand même, c'est moitié-moitié. Et puis je sais pas pourquoi... déjà ils ont du mal à écrire leur nom de groupe sans faute d'orthographe, ils vont quand même pas apprendre l'anglais quoi ! Regarde Sexion d'assaut !!! S-E-X-I-O-N A-S-S-A-U-T !! Mais retourne en 6eme baltringue !!





mercredi 19 août 2015

Chronique de concert : MDC + 3 groupes @ New Cross Inn (Londres)






The Decline + In Evil Hour + Choking Susan + MDC New Cross Inn, London England – 10/08/2015


Mélange des genres, des générations et des origines ce soir au New Cross Inn de Londres. Ce grand pub, situé dans un quartier au terminus de l'overground de la capitale britannique, accueille donc en ce lundi soir 4 groupes pour 8£ pour qui a payé en avance.

Ce sont les australiens de The Decline (à ne pas confondre avec les bretons du même nom!) qui ouvrent la soirée à 19h. Hardcore ultra mélodique. Moi j'adhère à fond, ce n'est pas le cas de la plupart des gens présents (pour l'instant peu nombreux, c'est vrai qu'il est encore tôt !) qui sont venus pour du plus brutal. Il faut avouer que c'est quand même bien foutu (ils tournent pour promouvoir leur deuxième album, c'est pas des bleus) et le batteur pose de sacrés plans propres à ce genre. On a d'ailleurs droit à tout ce qu'on peut attendre d'un groupe de punk ensoleillé, dans les attitudes, les commentaires entre les chansons et les immanquables harmonies vocales. Pour les fans de NOFX, Lagwagon et compagnie.

Le changement de plateau se fait en 5 minutes, ce sont ensuite les anglais de In Evil Hour qui montent sur scène. Quatuor punk rock avec chant féminin, on voit que déjà le public est plus preneur. Grosse énergie de la chanteuse, bon discours, bonne présence scénique en général. Le groupe a sorti 1 LP et 2 EP dont le plus récent « Built on our Backs » dont je vous conseille une petite écoute sur leur bandcamp. On peut dire que la scène anglaise propose toujours des groupes d’excellente qualité.

Place ensuite aux amerloques de Choking Suzan, les doyens de la soirée, qui jouent un punk rock 77 là aussi avec un chant féminin. D'ailleurs la chanteuse (qu'on entend tout juste, elle est loin d'avoir le même coffre que celle qui l'a précédée sur scène!) à l'air d'être une bonne vieille keuponne bien allumée comme on les aime. Derrière ça joue super carré, on a droit à une reprise de « New Rose » des Damned avec un guest à la batterie (on est à London bordel de merde!) et aussi, comme ils sont de Detroit, au classique « I Wanna be your Dog ». Bref, du punk rock qu'on peut qualifier de « traditionnel » si vous me passez l'expression.

Le foule s'est très nettement densifiée, on doit être autour des 250 personnes et y a de tout : des coreux, des skins, des filles, des garçons, des jeunes et des vieux ! L'ambiance monte clairement d'un cran avant la tête d'affiche tant attendue. Les stands de merch marchent fort, on peut facilement discuter avec les groupes et on y note la présence de l'Action Antifasciste London.

Vers les 22h30 c'est donc Millions of Dead Cops qui clôturent la soirée, arborant ce soir un drapeau « Multi-Death Corporations », on fait donc toujours dans la joie et la bonne humeur. Cette fois les gens sont comme des fous pour accueillir les doyens texans/californiens. Clairement c'est le chanteur, seul membre original du groupe, qui tient la scène et attire les regards, il nous gratifie de longs discours et anecdotes entre quasiment chaque morceaux qui eux ne durent que rarement plus de deux minutes. Le groupe, ultra engagé, s'attaque à tout ce à quoi on peut s'attendre de la part d'un groupe de early hardcore : anti-police, vegan, antifa, anticapitaliste... ça dénonce avant d'envoyer les chansons à fond les ballons, le public suit et le pogo est fourni. L'ambiance est à son comble sur « Poseur Punk » et le classique « John Wayne was a Nazi ».

Une excellente soirée avec 4 groupes de dimension internationale qui se termine tôt, dans la plus pure habitude britannique, pour que tout le monde puisse attraper le dernier métro à 23h30.





samedi 1 août 2015

Traduction "The Church of Black Flag" WESTERN ADDICTION



The Chuch of Black Flag

This is the church where Black Flag lives
Sentiments are born of desperation
Where good thoughts come from
Monuments in futility
Stress and anger, passion and humility
But we're above thumbs

This is the church where black flag resides
There's no profit, no success, just pride

Nil by mouth with prophetic paint
Autistic license, we're always poor and hungry
Art just doesn't pay
Finding beauty in ugliness
Compulsive strides are pensive and second best
This is on our chests

This is the church where black flag resides
There's no profit, no success and we're tired
We're tired!

This is the church free of cognicide
There's no profit, no success and we're tired,
In the church where Black Flag resides
There's no profit, no success, just pride


Voici l'église où Black Flag vit
Les sentiments naissent du désespoir
Là d'où les bonne pensées viennent
Des monuments de futilité
Stress et colère, passion et humilité
On est au dessus des pouces

Voici l'église où Black Flag réside
Y a pas de profit, pas de succès, que de la fierté

Nul par la bouche avec des peintures prophétiques
Licence autiste, on est toujours pauvres et affamés
L'art ne paye pas
Trouver dans la beauté dans la laideur
Progrès compulsifs pensifs et deuxièmes meilleurs
C'est dans nos poitrines
Voici l'église où Black Flag réside
Y a pas de profit, pas de succès, et on est fatigués
On est fatigués !
Voici l'église libre de cognicide
Y a pas de profit, pas de succès, et on est fatigués,
Dans l'église où Black Flag réside
Y a pas de profit, pas de succès, que de la fierté


Une chanson très compliquée, je suis peut être complètement à côté de la plaque dans ma traduction. En gros je ne suis pas sûr qu'elle vaille plus que celle de Google... Quelques remarques :
«We're above thumbs » est difficilement traduisible. Je pense qu'il parle des « pouces en l'air » de youtube et facebook
« Compulsive strides are pensive and second best » : cette phrase n'a absolument aucun sens concret.
« Nil by mouth with prophetic paint » : idem
« cognicide » : néologisme inventé par Western Addiction