Voici une compilation des histoires paysannes que racontait Louise
Livet (qui, pour la plupart, sont inspirées ou copiées des « Contes
de Jean-Pierre » du poète Louis Mercier). Je ne sais pas si
elle en a inventées et écrites elle-même.
Il s'agit de contes relatant la vie paysanne du canton de Belmont
de la Loire (42) dans la première moitié du XX eme siècle. A
l'origine tous ces contes sont issus de la tradition orale en patois
local, une variante du franco-provençale.
C'est pourquoi les retranscrire est un exercice difficile :
il ne faut pas faire trop attention à la concordance des temps, aux
changements de narrateur ou de sujet. De nombreux mots ou expressions
sont directement tirés de cette langue et n'existent pas en
français.
Louise Livet fût une conteuse exceptionnelle en patois jusqu'à
sa mort en 2016. Ses cahiers, entièrement écrits à la main,
cumulent sans doute près de 300 contes
3. Jean-Lou le facteur
Jean Lou avait remplacé
le facteur de son pays que s'était cassé une jambe en faisant ses
tournées en vélo ; c'était un jeune homme d'une vingtaine
d'années qu'était sans travail qu'il avait demandé pour faire la
distribution du courrier. Voilà qu'un jour il oublie de remettre une
lettre adressée à Mlle Véronique Chancel chez ses parents ;
il la met dans sa poche, se dit : « Je la distribuerai
demain au courrier ! », fallait rendre la sacoche au
receveur vide. Mais voilà comme c'était la fin de semaine n'a plus
pensé à cette lettre, ce n'est qu'au bout de 3 semaines qu'il
retrouve cette lettre au fond de sa poche !! Que faire ? Il
ne pouvait plus la porter à cette demoiselle. Il se dit :
« C'est bien souvent que des lettres se perdent ! Mais
pour être plus sûr je vais la brûler. Mais avant de la brûler
pourquoi pas la lire ? » Bien sûr c'était un nommé
Ferdinand que lui donnait rendez-vous à la prochaine foire et pour
se faire reconnaître qu'il prendrait une cravate rouge ! Le
Jean-Lou se dit : « J'irai m'acheter une cravate rouge et
j'irai à cette foire. » Et il alla à cette foire pour voir
s'il trouvait ce monsieur à la cravate rouge, à travers la foire ne
le trouva pas ! Il y avait deux cafés où l'on dansait, il
entra dans le premier où la musique jouait et là... il aperçut à
une table 2 demoiselles et un monsieur à la cravate rouge. Il
regarda un moment, se dit : « Ils se sont bien trouvés »
Il n'osa pas s'avancer les voyant si bien habillés (pochette à la
boutonnière, bien coiffés, cheveux ondulés). « Bon sort de
là ce n'est pas ce qu'il me faut », s'en alla au café de la
Pierrette, là aussi ça dansait et se mit à danser avec des filles
qu'il ne connaissait pas mais assez simples, quand il se fait
accrocher par une fille qui lui dit : « Bonjour Jean-Lou,
je vous vois passer tous les jours en distribution du courrier. Vous
êtes venu ici pour danser ? Vous êtes venu comment ? Vous
avez une bien belle cravate rouge. Je croyais trouver une personne
que je connais mais elle n'y est pas. Voulez-vous danser avec moi ? »
Et le voilà parti à danser. Au bout d'un moment Jean-Lou dit « il
faut que je m'en ailler je n'ai point de feu à mon vélo. » Et
la fille : « Emmenez moi sur le cadre de votre vélo le
chemin est le même. » Et voilà ils font la route ensemble
tantôt sur le vélo tantôt à pied, et au moment de se séparer ils
se promirent de se retrouver les dimanches au bal, et au bout de
quelques temps ils finirent par se marier !