Un nouveau projet d'envergure !
Je me relance dans l'aspect plus linguistique du blog. Je vais
tenter de recopier et publier les contes de Louise Livet (qui, pour
la plupart, sont inspirés ou copiés des « Contes de
Jean-Pierre » du poète Louis Mercier). Je ne sais pas si elle
en a inventés et écrits elle-même.
Il s'agit de contes relatant la vie paysanne du canton de Belmont
de la Loire (42) dans la première moitié du XX eme siècle. A
l'origine tous ces contes sont issus de la tradition orale en patois
local, une variante du franco-provençale.
C'est pourquoi les retranscrire est un exercice difficile :
il ne faut pas faire trop attention à la concordance des temps, aux
changements de narrateur ou de sujet. De nombreux mots ou expressions
sont directement tirés de cette langue et n'existent pas en
français.
Louise Livet fût une conteuse exceptionnelle en patois jusqu'à
sa mort en 2016. Ses cahiers, entièrement écrits à la main,
cumulent sans doute près de 300 contes.
1. La cueillette des
lentilles
Le Joseph venait de faire
la récolte de ses lentilles ; il se trouvait de guère en avoir
cette année et ne trouvait pas à les vendre. Il en était bien
ennuyé ! Une idée lui vint d'aller les offrir dans un hôtel
mais avant c'était tout un travail pour les mettre propre :
pas de petits grains, toutes la même grosseur, pas de poussière. Il
se dit : si elles sont bien propres, il me les payera un bon
prix.
Alors ils se mettent à les trier une par une ! Sa
Victorine abandonna le crochet (elle faisait de la dentelle) pour
aider à trier. Elle vérifiait encore celles que le Joseph avait
triées. Ils y passèrent longtemps à trier poignées par poignées
grain par grain à faire glisser sur un plat. Quand tout fut fini il
était fier de son travail. Voila, il emporta sur son dos une
vingtaine de kilos de ses lentilles au patron de l'hôtel... mais le
patron de l'hôtel ne voulu pas le recevoir lorsque le Joseph proposa
ses lentilles (il n'a même pas regardé ce qu'il y avait dans son
sac) et l'envoya vers le cuisinier que prit tout de même la peine
d'examiner sa récolte et lui dit « vraiment elles sont belles
et bien triées !! Vous avez dû y passer du temps ! »
Le Joseph voyait déjà l'argent dans sa poche mais le cuisinier lui
dit : « nous sommes déjà approvisionnés pour la saison
l'an prochain venez plus tôt. » Tout ennuyé le Joseph se
retourna avec son chargement à l'épaule. Il raconta sa déception à
son oncle qui dit : « Je vais en acheter quelques kilos
pour ta tante Maria elle en aura de toute prête à cuire pour un bon
moment, elle sera tranquille pour l'hiver, ça te consolera de ta
peine. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire