Classement Punk Français : N°1 !

1 - 1990 Bérurier Noir « Viva Bertaga »

Et voilà ! Le monument du punk en France, que même si t'as 16 ans en 2015 (quoi t'es né en 1999 ?!! Bordel !!) tu le connais par cœur et quand t'es bourré avec tes potes tu chantes « Vive le Feu », « l'Empereur Tomato-Ketchup », « Petit Agité », et bien sûr « Porcherie ». D'ailleurs, même si t'écoutes du reggae ou du rap, tu connais quand même les Bérurier Noir et leurs éternels classiques.

Olympia, Novembre 1989. Le mur de Berlin vient de tomber. Les Bérus, victimes de leur succès, se sabordent sur 3 jours de fiesta bérurière immortalisée en audio et en vidéo (on n'évoquera pas ici leur très discutable reformation 14 ans plus tard). La troupe est au sommet de son art, alors si bien sûr comme depuis le début Fanfan et Loran mènent le navire, leur équipage a été rejoint par Masto au saxophone et toute une bande de joyeux lurons/artistes/marginaux qui métamorphosent les concerts des Bérus en un spectacle épatant et haut en couleurs. Riffs sursaturés efficaces et carrés, boîte à rythme magique devenue typique (nettement meilleure que sur les premiers enregistrements, cf « la Bataille de Pali-Kao », culte également mais dans un autre genre), public déchaîné et paroles absurdes, poétiques, engagées, noires, noires, noires. Le peuple ne s'y trompe pas, l'influence des Bérus est énorme sur n'importe quel groupe punk qui se forme en France depuis lors.

Ooooh, Malheureux Renard... TA RAGE N'EST PAS PERDUE !!!

Bad, bad religion

J'avais pas envie de faire un hiatus moralisateur ou agressif sur ce qui se passe actuellement en France et qui bouillonne depuis quelques temps déjà. Mais là je suis tombé sur un interview qui résume parfaitement ma façon de penser, un philosophe qui met des mots sur ce que je ressens. Parce que, putain de merde, si on parlait de et qu'on laissait un peu parler ceux qui ne croient pas ?!

http://www.francetvinfo.fr/societe/debats/religion-laicite-spiritualite-quelle-place-pour-les-athees-dans-le-debat-actuel_805105.html#xtor=AL-79-%5Barticle%5D

Classement Punk Français : n°2

 2 - 1986 Ludwig Von 88 : « Houlala !»

Ludwig, parfois décrié à cause du « 88 » qui termine son nom, est un ovni dans le paysage du punk. Enfin si on peut parler de punk tant leur musique semble indéfinissable, avec des incursions reggae, cheap electro, ou chanson. En tous cas punk ils le sont dans l'esprit et les paroles, ça c'est certain, tantôt débiles ("Houlala!"), absurdes ("Assez!"), engagées (« Sur les Sentiers de la Guerre »), enragées (« Sur la Vie d'Mon Père »), simples (Bière et Punk »), incompréhensibles (« Libanais Raides ») et souvent très drôles (« HLM »).

Ce premier LP parti du délire que constitue le titre éponyme est une petite merveille de keupon de la rue, car derrière la simplicité apparente de la musique et des textes, se cachent énormément de second degré, d'ironie, de recherche et de travail. Une vraie leçon de punk qui à première vue ne se veut pas sérieux du tout mais qui dit plein de choses en réalité.

Gloire à la boîte à rythme, mort aux vaches et bière et punk !

Classement Punk Français : N°3

3 - 1998 Burning Heads : « Be One with the Flames »

Voila un groupe à la carrière tout simplement exemplaire. Le quatuor d'Orléans a tout vu, tout fait, tout connu. Tourné partout, avec les plus grands. En 2015 ils continuent à tourner et à enregistrer avec une régularité et une qualité absolument incontestables, et ont à force de persévérance gagné le respect de la scène punk/hardcore dans son intégralité, des plus mainstreams aux plus underground. En français : des plus courant principal aux plus sous la terre. A l'époque de « Be One With the Flames » sorti sur Epitaph Europe, excusez du peu, les Burning n'étaient encore considérés par beaucoup que comme des pauvres skaters, pâles copies de leurs homologues californiens alors extrêmement en vogue en cette fin de décennie, de siècle, de millénaire.

Mais à force d'abnégation, d'intégrité, d'implication dans la scène, plus personne maintenant ne se permet de cracher sur Burning Heads. Et ils sont définitivement LE groupe français de hardcore mélodique, les meilleurs et de loin.

Alors pour les représenter dans ce classement c'est vrai que j'aurais pu choisir à peu près n'importe quel album de leur foisonnante discographie, du tout premier « Supermodernwolrd » très punk 90's en passant par les 2 albums reggae/dub « Opposit » 1 et 2, ou encore « Escape », disque qui suit « Be One with The Flames », ou pourquoi pas les plus récents « Spread the Fire » ou « Choose your Trap ». A noter que désormais toutes leurs prods sont sorties par leur propre label, Opposit Records.

Bon mais moi j'ai choisi ce merveilleux « Be One With the Flames » ben parce que c'est mon préféré, tout simplement, avec des morceaux que j'adore comme « No Reply », « Time's Up », « All's Fine »... balèze quoi !

Classement Punk Français : n°4

4 - 1981 Métal Urbain : « Les Hommes Morts sont Dangereux »

Pour une fois, la France n'était pas trop à la masse dans la nouvelle vague punk qui arrivait, avec des groupes formés dès 1976, comme Métal Urbain à Paris. Même si leur influence est manifeste sur la scène française (Les Bérus ou les Sales Majéstés ont chacun repris le classique « Panik », issu de « Les Hommes Morts Sont Dangereux »), ils ne connaîtront jamais le succès commercial dans leur pays (peut être à cause de leurs paroles assez extrêmes). Cependant, Métal Urbain sera un des seuls, voire l'unique, groupe français à réussir à l'étranger, toutes proportions gardées (malgré les paroles en français !).

Cet album, sorti en 1981, est une référence majeure du keupon de chez nous, avec des paroles agressives, courtes et subversives, une utilisation de la boîte à rythme novatrice (qui fera des émules non seulement dans le punk rock mais aussi dans tout le courant électro encore à venir à l'époque), et des guitares tranchantes, assez cheap quand on réécoute ça aujourd'hui mais totalement nouveau en ce début des années 80. On se contentera de citer 4 titres de ce « Les Hommes Morts Sont Dangereux » qui sont entrés dans l'histoire et qui résument bien l'impact qu'à eu cet album sur toutes les générations de punk en France qui ont suivi : « Panik », donc, ainsi que « Lady Coca Cola », « Paris Maquis », et enfin « Crève Salope ». C'était du brut, et un grand coup de pied dans la petite fourmilière du rock français pompeux d'alors.

Classement Punk Français : n°5

5 - 1993 Les Sheriff : « Soleil de Plomb »

Que serait le punk français sans les Sheriff ? Sans doute un petit milieu de crêteux méchants ne jurant que par les groupes les plus violents aux guitares sursaturées et à la voix la plus criarde possible. Heureusement, au milieu des années 80 et sous l'influence d'OTH, 4 (puis rapidement 5) potes de Montpellier montent un groupe de rock pour le fun, aux mélodies implacables et aux refrains plus efficaces que ceux de Patrick Sebastien pour vous rester dans la tête pendant une semaine dès la première écoute. Au début les compos du groupe sont très bonnes bien que vraiment basiques, mais l'expérience grandissante et l'arrivée d'un guitariste soliste vont changer la donne. En gardant la même recette, les Sheriff pondent en 1993 un album abouti à la production respectable : « Soleil de Plomb ». Au secours, toutes les chansons sont géniales : « La Chaleur des Missiles », « Bon à Rien », « Garde des Munitions », « Pas besoin d'un Dessin », « Y a comme un Problème », « N'insiste Pas »... les tempos sont soutenus mais savent ralentir pour mieux se relancer, et les choeurs efficaces amènent une harmonie qui n'enlève rien au côté punk des morceaux. Souvent on a critiqué les Sheriff pour leurs paroles naïves, un effort est fait ici pour rajouter un peu de sens à ce chant qui sert autant d'instrument que de moyen d'expression, avec des lignes mélodiques propres. Merci, grâce à cet album (et à tous les autres) les Sheriff ont apporté un peu de légèreté à un genre qui se voulait trop sérieux.

Classement Punk Français : n°6

6 – 1981 La Souris Déglinguée « s/t »

Un groupe de blousons noirs, de rockers à l'ancienne, de voyous, qui vont de bistrot en bistrot sur Paname en mobylettes. Tu vois le genre ? Ils accouchent en ce début des années 80 d'un disque essentiel dans le rock français, franchement punk par ses paroles et ses considérations sociales. Du rock de rebelles, du vrai, romantique et misérable à la fois ! La production, déjà faiblarde à l'époque, a franchement vieilli 35 ans plus tard, mais plus qu'un album de rock c'est une vraie pièce d'histoire sociologique dont il s'agit ici. Tout est dans les titres : le morceau d'ouverture « Rock'n Roll Vengeance » en dit long sur l'état d'esprit de Taï-Luc et ses compères, « Jaurès - Stalingrad » qui raconte justement ces jours d'errance, en brêle ou à pied, dans la capitale, « Beaucoup de Liberté » (ah bon le travail c'est la liberté?), « Week end Sauvage » auquel beaucoup d'entre nous peuvent toujours s'identifier aujourd'hui, « Sur la Zone ». « Les Jeunes Cons » et « Yasmina P.A. » :

« Petite arabe, qui t'a fait mal ?
Dis moi donc qui t'a péfra
Et jamais il ne recommencera

Tu sais tu peux compter sur moi
Je ferai n'importe quoi
Pour qu'on marche libre dans la rue. »

Un album qui sent un peu trop la nostalgie, mais qui a permis la naissance du mouvement rock alternatif des années 80.

Classement Punk Français : n°7

7 - 1997 Parabellum : « Post-Mortem »

Est-ce qu'il valait mieux choisir un live ou une compilation, à défaut d'un album habituel, pour parler des Parabellum ? Après avoir longtemps hésité entre ce « Post-Mortem » et « Dense Microsillon à Faisceau de Lumière », j'ai finalement opté pour cet album enregistré lors d'un concert à Marmande qui allait donner suite à leur reformation (avec la sortie de « Brodel Inside » en 1999).

Un live en guise de best-of de ce qu'avait alors composé le quatuor de Paname. Plusieurs morceaux de la set-list sont des classiques de punk français : « La Bombe et Moi », « Saturnin », « Papa », « Anarchie en Chiraquie » ou encore « Le Coeur à Gauche, la Main à Droite ». Et puis, il y a évidemment les 2 tubes de chez tubes, classiques parmi les classiques, hymnes devant l'éternel, inoubliables, souvent imités jamais égalés : « Ilôt Amsterdam » et « Cayenne ». Ce dernier, bien que ce ne soit pas Parabellum qui l'a écrit puisqu'il s'agit d'une chanson de taulards, est aujourd'hui encore repris par des dizaines et des dizaines de groupes punks ou non et chanté par les keupons bourrés en festival ou dans la rue.

Parabellum, groupe punk-rock par excellence, a malheureusement perdu 3 de ses membres, et dernièrement son chanteur/guitariste emblématique Schultz. Rock In Peace.

Classement Punk Français : n°8

8 - 2001 Tagada Jones : « Manipulé »

 Je ne vais pas vous faire un résumé de la bio de Tagada Jones, celle qui est disponible sur leur site officiel est très bien écrite et complète. Idem pour leur discographie fournie, dans laquelle je n'ai pas pioché au hasard pour les représenter dans mon classement. « Manipulé » est un réel un tournant dans la carrière des rennais, avec l'arrivée d'un cinquième membre au chant/samples et une orientation plus hardcore par rapport au punk rock des premiers albums. Le succès est au rendez-vous et le groupe tourne plus que jamais pour défendre l'album en live.

Avec un patte musicale particulière notamment due à la voix haut perchée de Nico, Tagada Jones est un des rares groupes punk-hardcore à chanter exclusivement en français. « Manipulé » contient quelques-uns de leurs meilleurs morceaux comme par exemple le titre éponyme, « Liberté de Penser » (qui n'est pas une reprise de Florent Pagny), « G-nome » ou encore « Mea Culpa ».

En 2014 le groupe continue à tourner quasiment en permanence, et à composer d'excellents albums sans trop se répéter, mais également à produire d'autres supers groupes et organiser des concerts via leur structure Enragé Production.

Classement Punk Français : n°9

9 - 2005 Guerilla Poubelle : « Il Faut Repeindre le Monde... en Noir »

LE groupe punk le plus populaire en France depuis près de 10 ans maintenant. Adulé par les uns, détestés par les autres (selon la grande formule des journalistes sportifs), Guerilla Poubelle fait polémique. Né sur les cendres du groupes picard (puis rapidement parisien) et potaches Les Betteraves, autour du guitariste-chanteur Till, les Guerilla mettent la barre un peu plus haut et délaissent le côté ska de leur ancien groupe pour se consacrer au punk mélo/screamo. Les Betteraves étaient un groupe de lycéens avec un public de lycéen, et Guerilla Poubelle aura du mal à se défaire de cette image. Controversé pour son côté parfois moralisateur en concert (« nan arrêtez de vous bourrez la gueule de vous sauter dessus comme des animaux c'est chiant »), le trio (accompagné de Jokoko le dessinateur/agitateur) offre néanmoins des prestations très pros, et surtout tourne énormément (ils en arrivent bientôt à 700 concerts !).

Pour en revenir à ce premier album, il ne contient pas moins de 20 titres et un livret conséquent. Mis à part le superbe tube « Demain il Pleut », l'album qui contient quelques longueurs regorge toutefois d'autres petites perles comme « La Fin Suffira » ou encore « La Révolution pour les Lâches ». Depuis les GP (comme disent les fans, t'sais), continuent leur bonhomme de chemin dans le punk francophone et leur label Guerilla Asso, en plus de leur permettre de sortir leurs albums, a mis à jour quelques groupes qui valent le détour comme Justin(e) ou Dolores Riposte.

Classement Punk Français : n°10

 10 - 1989 Mano Negra : « Puta's Fever »

Sans doute l'album le plus vendu du classement des meilleurs albums de punk français ! La Mano Negra et son chanteur Manu Chao étant un peu la vitrine grand public du mouvement rock alternatif des années 80. Et oui, ça aide d'être signé par Virgin France... donc on laissera de côté les habituelles critiques de l'aspect commercial de tout ça pour se consacrer davantage au côté historico-musical de la Mano.

Passant allègrement du français à l'espagnol ou de l'anglais à l'arabe, « Puta's Fever » mélange également sans distinction de nombreux styles musicaux : en gardant toujours un côté rock, certains titres sont plus punk, d'autres reggae/ska, on a droit aussi a des passages fanfare et à une bonne dose de musique du monde.

Le succès international du l'album et notamment des singles « King of Bongo », « Sidi'h'Bibi » et surtout « Pas Assez de Toi » (qui doit encore leur rapporter pas trop mal en droits d'auteur, vu le nombre de passages radio) ne se dément pas 25 ans après sa sortie. La Mano Negra tournera dans les années 90 partout en France, en Europe et en Amérique. Plus tard, Manu Chao continuera son chemin seul avec le succès que l'on connaît, et de très nombreux groupes actuels revendiquent l'influence de la Mano sur leur musique.