Voici une compilation des histoires paysannes que racontait Louise
Livet (qui, pour la plupart, sont inspirées ou copiées des « Contes
de Jean-Pierre » du poète Louis Mercier). Je ne sais pas si
elle en a inventées et écrites elle-même.
Il s'agit de contes relatant la vie paysanne du canton de Belmont
de la Loire, dans la région de Roanne dans la Loire (42), dans la
première moitié du XX eme siècle. Louise Livet demeurait à
Sevelinges. A l'origine tous ces contes sont issus de la tradition
orale en patois local, une variante du franco-provençale.
C'est pourquoi les retranscrire est un exercice difficile :
il ne faut pas faire trop attention à la concordance des temps, aux
changements de narrateur ou de sujet. De nombreux mots ou expressions
sont directement tirés de cette langue et n'existent pas en
français.
Louise Livet fût une conteuse exceptionnelle en patois jusqu'à
sa mort en 2016. Ses cahiers, entièrement écrits à la main,
cumulent sans doute près de 300 contes.
Ces petites histoires sont avant tout un témoignage drôle et
fidèle de la vie quotidienne des gens à cet endroit là du monde à
ce moment là de l'histoire...
14. Le Petit Jules
Le père Thomas que
restait du côté de Coublanc dit un jour qu'il en a assez de tisser
à la maison, qu'il veut aller dans une usine. Cependant il avait
une maison, un jardin et un bout de terre, alors ils prennent une
location à Cours près d'une usine, il dit à sa Marie « comme
ça j'aurai mes dimanches libres et toi que continuera ton
métier de repasseuse tout en gardant le petit Jules. » Quand
la location dut prête il demande à un voisin qu'a un cheval
d'emmener le mobilier à Cours, ils montèrent tous sur le devant de
la voiture, le petit Jules dans son berceau dans le derrière placé
dans la table à l'envers, et mirent la bâche. Tout alla pas mal, à
la descente ils trottaient, quand de prendre la montée Thomas fit le
tour pour voir si tout allait bien, il se mit à faire un cri un
hurlement épouvantable que tout le monde sortit aux portes !
Mais qui a donc que crie la Marie était plus blanche qu'une patte !!
Le petit Jules n'est plus dans la voiture !! Le berceau a glissé
le gamin avec il doit immanquablement être mort ! La Marie lui
dit retourne vite sur la route et regarde bien de chaque côté !
Thomas se mit à faire des prières à St Antoine « Faites moi
retrouver mon petit Jules je vous payerai d'un cierge gros comme mes
cuisses ! » Au bout d'un kilomètre il trouve le berceau
sur le bord de la route et le gamin dans le talus la figure dans
l'herbe il pleurait mais il n'avait point de mal. Thomas redescendit
en courant le gamin dans ses bras ; la Marie riait, pleurait en
embrassant son gamin que Thomas venait de lui poser dans ses bras. Le
monde disait « il faut avoir fait une rude bombe pour perdre un
gamin », depuis ce moment le petit Jules fut appelé « la
bombe ».
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