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mardi 26 juin 2012

Interview the Hop La !



Voici l'interview réalisée par mail avec Manu, chanteur/guitariste de The Hop La ! sur la langue française dans le punk/hardcore.

A mon goût la meilleure !! Merci beaucoup à lui pour ces réponses pleines d'humour mais quand même très intéressantes et pertinentes sur le sujet.

Enjoy !! (enfin, vu les circonstances : Appréciez !!)


MANU (The Hop là !)
1. Chantez-vous en français par choix ou par obligation (parce que vous parlez mal/pas
anglais) ?
→ Si par obligation : chanteriez-vous anglais si vous pouviez ?

Les 2 mon capitaine ! d’abord je voudrais rappeler que je suis un montpelliérain, mon langage est
donc fleuri par cet accent typique des régions méridionales... imagine un peu fernandel jouant du
shakespeare, ça le ferait pas.
De toutes façons, même si mon anglais était parfait, voire simplement correct, je ne l’utiliserais pas.
La langue française offre un florilège de mots et d’expressions, autant les utiliser. Et il me semble
plus judicieux et plus facile de faire passer une idée ou un message en s’exprimant dans sa langue
maternelle. 80 % des gens qui écoutent un groupe anglophone ne comprennent un traitre mot du
texte...


Quelles sont pour vous les références du chant en français et pour quelles raisons ? Quelles
sont les adaptations/reprises en français que vous préférez ?

Je n’ai pas vraiment de références à proprement parler, mais dans les groupes qui ont des textes
intéressants je pourrais citer les rats, parabellum, OTH ou même dutronc. Enfin, Jacques Lanzmann.
Pour rester dans ce cercle, j’apprécie « paris s’éveille », « amsterdam » et « le soleil du midi ». 

 Passez-vous beaucoup de temps sur vos paroles ? Cherchez-vous des sonorités ou des jeux
de mots spécifiques ?

Quand je les écris, j’y passe un temps fou ! En fait, c’est plus l’idée de base qui me fait cogiter
longtemps. Une fois trouvée, le texte peut aller assez vite. « Rose » et « Parle-moi » en sont des
exemples parfaits. Un mois ou plus de triturage méningique, et 20 à 30 minutes d’écriture...
Sonorités, oui absolument ! indispensable. Jeux de mots aussi, mais pas trop. Je les laisse aux frères
jacques ou à bobby lapointe. 

Quelle importance tiennent vos paroles dans le groupe ? Les mettez-vous dans les albums ?
Les expliquez-vous lors des concerts ?

Les paroles sont essentielles. Même si d’un point de vue personnel, la musique prend une place plus
importante, elle ne peut être mise en valeur que par un texte idoine. Nos paroles sont toujours
jointes aux albums.
Je ne les explique pas en concert. Je n’en ai pas le temps. A part quelques pauses pour s’accorder,
boire et respirer, on enchaîne les morceaux. On est là pour jouer, pas pour papoter ou bavasser... Et
puis comme certains textes ont des doubles sens cachés ou font référence à des événements
personnels, les commenter prendrait trop de temps. Si je dois expliquer « mon dieu » par exemple,
les autres n’ont plus qu’à poser les instruments et à aller au bar prendre un demi et jouer au 421... 

Chantez-vous en français dans le but de faire passer clairement un message ou pour le côté
poétique de la langue ? En d'autres termes l'utilisez-vous pour sa fonction
rhétorique/argumentative ou esthétique?

Voir plus haut pour la/les réponse(s). J’ajouterais juste que le côté poétique ne sied pas vraiment au
punk rock...

 Y a-t-il des mots ou des thèmes que vous utilisez/abordez plus souvent ? Pour quelles
raisons ? De quelles façons ?

Thèmes favoris : sex, drugs & rock’n’roll... ! classique...
pourquoi ? parceque c’est ce qu’on vit ou avons vécu au quotidien... en y mêlant une touche
d’humour, de cynisme, de second degré ou de double sens, pour ne pas sombrer dans le morbide, le
glloq ou le désespoir... 

 Le chant en français vous a-t-il déjà porté préjudice (refus de concert, des gens qui
n'achètent pas l'album ou ne vont pas au concert...) ou au contraire ouvert des port
es ?
Aucun préjudices, du moins jusqu’à présent... pourvu xa dure ! quant à ouvrir des portes, à part le
rasta qui avait aimé le texte de « la boulette » et qui m’en avait bien fait profité, :-) , je ne pense pas
en avoir eu vent. 

Le public étranger est-il plutôt réticent/enthousiaste/indifférent à cette particularité ?
Jusqu’à présent nous n’avons joué que dans des pays francophones. Excepté une virée au pays
basque espagnol où les gens semblaient plus intéressés à dévaliser le bar et à taquiner la donzelle
qu’à écouter, traduire et comprendre nos textes... 

 Les gens en général (francophones ou non) sont-ils curieux de ce que vous dites dans vos
chansons ?

Curieux peut-être pas, je dirais plutôt attentifs ou intéressés. 

Avez-vous une opinion sur les groupes francophones qui chantent (mal) en anglais ? Quelles
raisons invoquent-ils quand vous leur demandez « pourquoi » ?

En ce qui me concerne, je n’aime pas du tout l’anglais avec l’accent français. Je trouve que ça casse
le morceau. Maintenant, il y en a qui s’en branle totalement... et je ne leur demande pas pourquoi,
chacun est libre de s’exprimer comme il l’entend. 

 Souvent d'ailleurs ils parlent de la mauvaise rythmique de la langue française pour le rock.
Qu'en pensez-vous ?

J’avoue que le français est une langue difficile à chanter. Peut-être pas pour la rythmique, mais pour
les sonorités. Il y a beaucoup de consonnes « dures » (d k p r t...) contrairement à l’anglais qui est
un langage bien plus coulant. L’anglais a aussi un grand nombre de mot très courts, une seule
syllabe, qui permet un texte et un chant plus aisé. Ça demande donc un travail important d’écriture
pour trouver les bons mots et les bonnes sonorités tout en collant avec la musique. 

 A votre avis, pourquoi le français s'est largement répandu dans le rap ou le reggae et
beaucoup moins dans le punk/hardcore ?

A priori, je pense que c’est surtout dû au fait que ces groupes (rap, reggae...) ont plus de choses à
dire, à faire passer ou a dénoncer, iceux ayant souvent eu une existence difficile de part leurs
origines, leurs conditions de vie etc... alors que le punk/hardcore est plutôt basé sur la musique,
l’énergie, voire le visuel. Maintenant si on peut allier tout ça, le résultat ne peut être que mieux.
C’est ce que nous nous escrimons à faire... 

Enfin, est-ce un sujet que vous abordez souvent entre vous et avec les gens de la scène ?
Je dois avouer que non... les thèmes abordés avec les groupes que l’ont croise sont plutôt :
Quand, où et qu’est ce qu’on mange ? où sont les wc ? qui vend du shit ? à quelle heure ouvre le
bar ? est-il suffisamment approvisionné ? quel âge peut-elle avoir celle-là ? porte-t-elle des dessous
en acrylique (si elle en porte) ? où se trouve la pharmacie de garde ? ça existe les bons retours ? on
m’entend en façade ? je peux me monter ? etc...

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