Il s'agit de contes relatant la vie paysanne du canton de Belmont
de la Loire, dans la région de Roanne dans la Loire (42), dans la
première moitié du XX eme siècle. Louise Livet demeurait à
Sevelinges. A l'origine tous ces contes sont issus de la tradition
orale en patois local, une variante du franco-provençale.
C'est pourquoi les retranscrire est un exercice difficile :
il ne faut pas faire trop attention à la concordance des temps, aux
changements de narrateur ou de sujet. De nombreux mots ou expressions
sont directement tirés de cette langue et n'existent pas en
français.
Louise Livet fût une conteuse exceptionnelle en patois jusqu'à
sa mort en 2016. Ses cahiers, entièrement écrits à la main,
cumulent sans doute près de 300 contes.
Ces petites histoires sont avant tout un témoignage drôle et fidèle de la
vie quotidienne des gens à cet endroit là du monde à ce moment là
de l'Histoire...
10. L'Arthur au
régiment
L'Arthur qu'était au
régiment écrit à sa mère de lui envoyer le plus rapidement
possible une paire de souliers neufs : l'adjudant veut me mettre
en prison car j'ai des souliers tout percés !
Voilà la mère
bien embarrassée va trouver la voisine pour lui demander comment
elle pouvait faire vite pour envoyer des souliers si rapidement à
son Arthur ! La voisine dit de lui envoyer par le télégraphe
ça ira bien plus vite que par le chemin de fer. Tout de suite elle
s'en va acheter une paire de soulier et va vers le poteau de
télégraphe, grimpe un peu haut et pose les souliers ! Elle
s'en retourne toute contente en pensant que son Arthur aura tout de
suite ses souliers !
Deux jours plus tard passe sur la route un
pauvre mendiant, voit sur le fil téléphonique une paire de souliers
neufs, voilà bien qui fera mon affaire, les miens ne valent plus
rien ( ils ouvrent la gueule comme des oiseaux qu'ont faim). Je vais
les prendre et mettre les miens à la place. Il s'en va tout joyeux
en chantant.
Les jours suivants la mère vient voir, voit des vieux
souliers sur le fil « C'est une sacrée invention que le
télégraphe, toute contente se dit non seulement il a déjà reçu
les souliers neufs mais a déjà renvoyé les vieux. »