LA PUB VOUS REND CONS

dimanche 10 avril 2016

conte en patois : Le Fête à la Joséphine

Voici une compilation des histoires paysannes que racontait Louise Livet (qui, pour la plupart, sont inspirées ou copiées des « Contes de Jean-Pierre » du poète Louis Mercier). Je ne sais pas si elle en a inventées et écrites elle-même.

Il s'agit de contes relatant la vie paysanne du canton de Belmont de la Loire (42) dans la première moitié du XX eme siècle. Louise Livet demeurait à Sevelinges. A l'origine tous ces contes sont issus de la tradition orale en patois local, une variante du franco-provençale.
C'est pourquoi les retranscrire est un exercice difficile : il ne faut pas faire trop attention à la concordance des temps, aux changements de narrateur ou de sujet. De nombreux mots ou expressions sont directement tirés de cette langue et n'existent pas en français.

Louise Livet fût une conteuse exceptionnelle en patois jusqu'à sa mort en 2016. Ses cahiers, entièrement écrits à la main, cumulent sans doute près de 300 contes.

7. La fête à la Joséphine

 


Voila que le Philibert dit à sa femme « Mangeons vite un morceau et je partirai chez le Claudius (qu'était forgeron) qu'il ma fait, je lui dois mes grappines, une pioche qu'il m'a reforgée. »

Quand j'arrive chez lui il était assis dehors il faisait bon, j'y suis resté un grand moment ! Nous avons discuté tout l'après-midi en buvant un canon. En me rentournant je vois devant moi un homme qu'allait de tous les côtés du chemin, que dordillait... je me disais tout à l'heure il va bien s 'étaler, j'avais pas pensé qu'il fit une éparafé et roula dans le buisson, je me mets à courir pour le retirer du fossé et voir qui il était : c'était le moine du fond du bourg. Je lui dit : « qui donc t'as fait pour te mettre dans cet état ! C'est presque nuit il faut pas rester là. » 

Il avait une peine à se relever... en se traînant et en s'appuyant sur ses mains j'ai arrivé à l'attraper à la brassée et à le mettre debout ! Mais pour marcher ! Tout en le retenant je pousse par derrière, j'avais une peine ! Voilà en le poussant un peu fort il s'étala de tout son long par terre, il s'empate les deux genoux dans sa culotte toute déchirée, il saignait de partout. J'avais un mouchoir propre je lui ai empaté la jambe. Nous voilà reparti, un orage menaçait. Je le prends par le bras en lui disant « marchons vite ! » mais la pluie tombait et il était encore plus lourd à traîner ! Quand on arriva au bourg je vois une lanterne qui venait dans notre direction que dit : « C'est – y toi » « Ouais ! » que dit le moine. « C'est -y des heures pour rentrer moi qui suis en peine ! » Je me dit c'est pas le moment de rester ici je me suis sauvé en grande vitesse à la maison. 

La semaine d'après en passant devant chez lui je lui « ça va t'y ? que je lui dis, ça va mieux ? Ça allait donc pas ?
- Je me suis enrhumé et j'ai bien toussé ! Si te savait ce qui m'est arrivé dimanche dernier, figure toi j'avais été souhaité la fête à ma sœur Joséphine, j'avais ramassé un gros bouquet de coucou et elle était bien contente, elle m'a payé un bon 4 heures avec fromage à la crème, des gauffres, avec son Tieno on a bu un bon canon puis la Joséphine a fait le café, on a bu la goutte, la carafe de cerises. Quand je suis parti de chez eux j'étais franc saoul je croyais pas pouvoir revenir, avec ça j'ai pris une belle averse. Heureusement que j'ai trouvé un homme qui m'a aidé, si je savais celui qui pouvait être pour lui dire merci ! »
Je lui dis « Cherche pas c'est moi »
Il me donna mon mouchoir bien propre et bien repassé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire