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vendredi 15 avril 2016

conte en patois : Les sabots neufs


Voici une compilation des histoires paysannes que racontait Louise Livet (qui, pour la plupart, sont inspirées ou copiées des « Contes de Jean-Pierre » du poète Louis Mercier). Je ne sais pas si elle en a inventées et écrites elle-même.

Il s'agit de contes relatant la vie paysanne du canton de Belmont de la Loire (42) dans la première moitié du XX eme siècle. Louise Livet demeurait à Sevelinges. A l'origine tous ces contes sont issus de la tradition orale en patois local, une variante du franco-provençale.
C'est pourquoi les retranscrire est un exercice difficile : il ne faut pas faire trop attention à la concordance des temps, aux changements de narrateur ou de sujet. De nombreux mots ou expressions sont directement tirés de cette langue et n'existent pas en français.

Louise Livet fût une conteuse exceptionnelle en patois jusqu'à sa mort en 2016. Ses cahiers, entièrement écrits à la main, cumulent sans doute près de 300 contes.
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8. Les sabots neufs

L'Adrien un paysan que travaillait toujours avec des sabots soit dans les écuries, à la grange ou aller mettre au pré ses vaches ; c'était bien temps de les changer ! Ils n'avaient plus de semelle et commençaient à se fendre. 

Il profita de la foire sachant que son marchand de sabots serait sur la place. Il ne fut pas seul à choisir des sabots, il y avait des hommes, des femmes, des gamins tous accroupis, à genoux, pliés en deux s'appliquant à essayer les sabots à la mesure du pied ; certains les essayaient aux deux pieds d'autres se contentaient de quitter un seul soulier ce qui évitait de délacer et de relacer mal à propos les souliers. Lorsque l'Adrien eut choisi ses souliers il les attacha par une ficelle passée dans les 2 trous et parti avec ses sabots à la main ; il traversa la foire sans s'arrêter. 

Au café de la Lilie il entra chercher un paquet de tabac. Il y avait l'André et le Toine (2 voisins) que l'invitèrent à boire un pot avec eux. Quand tout à coup arrive un écervelé que personne ne connaissait et demande : « N'auriez-vous pas vu un homme avec des sabots neufs à la main ? » Et voyant une paire de sabots qui pendait à une chaise se met à crier à la table : « Mon soulier ! Donnez moi mon soulier ! » Ce doit être un homme qui a trop bu, il était rouge, essoufflé et bien en colère, que réclamait : « Mon soulier ! Donnez moi mon soulier ! » L'Adrien se lève : « C'est mes sabots ! » L'autre criait : « Mon soulier ! Je veux mon soulier ! » La Lilie arrive pour les séparer : « Allons donnez moi ces sabots ce n'est pas les vôtres ! 
- Oui mais qu'il me donne mon soulier ! » L'Adrien regarde ses pieds : en effet il avait chaussé le soulier de l'écervelé au lieu des siens. L'Adrien était tout honteux et l'autre toujours en colère de l'avoir tant fait courir !
Quant à la Lilie elle riait à se tenir les côtes si bien qu'elle paya une tournée à tout le monde qui se trouvait au café !

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